Marketing sociétal: S’impliquer, donner, même en période de démarrage de son entreprise?

On a parfois l’impression que l’implication sociale ne fait pas partie des priorités d’affaires, particulièrement en période de démarrage d’entreprise. J’aborderai, tout au long du mois d’août, la thématique du marketing sociétal et de l’implication sociale avec 3 jeunes entrepreneurs sur le blogue Le feu sacré.

Cette semaine, je m’entretiens avec Andry Lant Rakoto, fondatrice de Marclan, une entreprise distributrice de produits fins de Madagascar. Pour elle, le manque de temps, les liquidités limitées et les impératifs impondérables d’une entreprise naissante limitent, effectivement, souvent l’implication des jeunes entrepreneurs. Mais il est cependant toujours possible de faire sa part en tant que citoyen corporatif, peu importe la taille de son entreprise. 


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Aider à la hauteur de nos moyens

Participer au développement d’une économie durable, sensibiliser ses clients, modifier les habitudes de consommation pour le bénéfice collectif, faire des dons corporatifs, est-ce l’apanage des grandes sociétés établies?

Pour Andry Lant Rakoto, fondatrice de Marclan, une jeune entreprise distributrice de produits fins de Madagascar établie au Québec depuis à peine plus d’un an, le stade de développement de son entreprise importe peu. Quand on veut s’impliquer, on le fait!

L’implication peut prendre différentes formes, mais quoi qu’il en soit, tous les gestes, petits et grands, comptent!

Au niveau des tactiques promotionnelles, des actions peuvent être posées pour aider, malgré des moyens financiers limités.

« À plus petite échelle, il est toujours possible de participer à des levées de fonds en achetant des billets de tirage ou autres, de réserver des petits encarts publicitaires dans des publications de causes caritatives comme des calendriers, de donner des paniers de produits destinés à des événements spéciaux. On a rarement les mains réellement vides! » mentionne Andry.

S’il n’est pas encore possible pour Marclan de commanditer de façon importante des événements ou causes caritatives, c’est au niveau de la chaîne de distribution que les efforts sont concentrés. Le choix des fournisseurs est, pour la fondatrice, tout aussi crucial dans l’établissement d’une stratégie marketing et contribue à faire une différence marquée.

« Chez Marclan, je me fais un devoir de collaborer avec des fournisseurs malgaches qui pratiquent le commerce équitable, assurent la traçabilité des produits que j’importe, et valorisent la protection de l’environnement et le développement durable. Je fais affaires avec des producteurs certifiés bio, qui n’utilisent jamais de produits chimiques. C’est important pour moi de partager ces valeurs cruciales avec mes partenaires. Aussi, mes fournisseurs sont pratiquement tous issus d’ONG et participent eux-aussi à des causes, particulièrement celles visant l’amélioration du niveau de vie de leur communauté. En bout de ligne, les efforts de tous et chacun sont donc soutenus», ajoute Andry.

Un marketing opportuniste?

« Tout est une question d’intention. Je n’ai jamais perçu de réel opportunisme dans l’adoption de pratiques marketing sociétales. Comme dans toute chose, il y a parfois des abus, des incongruences, mais même quand les entreprises impliquées apparaissent « intéressées » à nourrir une image positive, ou semblent avoir des visées plus « communicationnelles», force est d’admettre que leur implication est tout de même aidante et souvent essentielle pour les organismes bénéficiant de leur appui. C’est important aussi d’encourager une culture de dons et de mécénat dans les milieux d’affaires», renchérit-elle.

Le leg de nos valeurs

Est-ce que le background des entrepreneurs influe beaucoup dans leur propension à s’impliquer via les activités de leur entreprise?

Assurément!

Le fait d’avoir baigné dans un contexte de bénévolat, et-ou à l’inverse, d’avoir pu profiter soi-même de support de la part d’un organisme bienfaiteur au cours de sa vie, révèlent souvent la fibre caritative chez les entrepreneurs. Le cas d’Andry n’y fait pas exception.

L’entraide est une valeur familiale profondément ancrée chez elle. Son don de soi est hérité entre autres de son grand-père, engagé depuis plus de 50 ans dans sa communauté. Ce dernier a même mis sur pied, à Madagascar, la Fondation Ana. Cette fondation construit des écoles, nourrit les élèves du village natal de son père et veille au partage équitable des ressources. C’est sans surprise qu’elle compte donc, à son tour, s’adonner à la philanthropie, dès qu’elle le pourra.

« À défaut de donner de l’argent, il est toujours possible de donner du temps aussi! Ici au Québec, plusieurs causes nobles m’interpellent, mais plus particulièrement celle du Club des petits déjeuners, qui poursuit des objectifs similaires à ceux de Grand-Papa. Puis, il y a aussi l’option de faire du coaching d’affaires auprès des organismes », mentionne-t-elle.


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Le prix des vacances: Isabelle Moïse, travailleuse autonome depuis à peine un an, se confie sur l’art de conjuguer périodes de repos et business. Cette entrevue est publiée dans le cadre du dossier spécial Finances sur le blogue Le feu sacré.

À ne pas manquer mardi prochain:

Mon entrevue avec Frédéric René, co-fondateur de Liki, une startup de Montréal en commerce électronique. L’implication sociale de l’entreprise est l’occasion d’encourager les causes les plus chères à ses employés.

Donc, c’est un rendez-vous!

Karina Brousseau, éditrice

Finances et travail autonome: le prix des vacances!

La question du financement est abordée tout au long du mois de juillet sur le blogue Le feu sacré. Cette semaine, je discute avec Isabelle Moïse, à son compte depuis à peine un an comme consultante en événementiel, marketing et communications. Elle nous parle de son premier exercice de rapport d’impôts 2014 pour le compte de son entreprise iMoïse Conseil et de sa difficulté à prendre des vacances sachant le suivi administratif et financier toujours en suspend.


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Assurer son filet de sécurité

À son compte depuis à peine plus d’un an, la question du financement au démarrage, revêt, pour Isabelle Moïse, des allures de bootstrapping, principalement. Depuis qu’elle est en affaires, elle est beaucoup plus consciente et avisée de son budget personnel qu’avant. 

« Avant, comme salariée en couple avec un autre salarié, j’avais moins à me préoccuper des dépenses au quotidien. On pigeait dans notre « poche » commune, on était à l’aise, on ne faisait pas beaucoup de suivis par « catégorie de dépenses », comme je le fais maintenant que je suis seule à la barre. Je réalise que toute ma façon de dépenser a changé depuis l’aventure iMoïse Conseil. Je suis d’autant plus alerte au gaspillage, ce qui n’est pas une mauvaise chose. Cela dit, je ne me prive pas pour autant et je me paye du luxe de temps en temps, mais je suis plus consciente de la dépense. J’apprécie d’autant plus les petits plaisirs que je me paye. J’ai toujours vécu à la hauteur de mes moyens, j’ai toujours eu conscience de l’argent et j’ai toujours valorisé le paiement de tous mes comptes.  Par contre, je ne suis pas toujours en train d’économiser pour « ma retraite » non plus. Si j’étais toujours en couple, je serais probablement moins en mode « boostrapping » parce que je serais moins angoissée pour la préserve de mon confort et mon indépendance financière. L’appui de l’autre permet définitivement un certain filet de sécurité financière», confie-t-elle.

Retirer un maximum de l’Impôt

Suite à sa première année complète à titre de travailleuse autonome, Isabelle s’en est finalement bien sortie avec l’impôt.

«  J’anticipais un peu les résultats finaux, puisque j’en étais à ma première année complète comme travailleuse autonome et que je n’étais pas certaine d’avoir conservé suffisamment de ressources pour le paiement de l’Impôt. De plus, je n’étais pas certaine du calcul des taxes. En définitive, j’ai réalisé avoir droit à plus de déductions que ce que je ne le croyais. Les lois fiscales varient beaucoup et je ne savais pas encore trop sur quel pied danser en termes de déductions possibles. Heureusement que j’ai une bonne comptable! Son apport a été crucial pour moi. Je recommande à tous, au moins pour la première année en affaires, de faire appel à un pro pour déposer des rapports fiscaux optimaux. Ne serait-ce que pour apprendre en accéléré sur les impératifs qui collent directement à notre situation», avise Isabelle.

Des affaires qui ne prennent pas de vacances!

Difficile de planifier des vacances quand on n’a personne à qui déléguer ses dossiers durant les temps d’arrêt, que les journées sont occupées 15 heures sur 24 et qu’on est plus concerné financièrement parlant.

Isabelle Moïse aligne cet été des escapades dans notre belle province et peut-être un petit tour sur le bord de la mer pour se ressourcer. Pour décrocher, Isabelle doit s’éloigner de la ville, elle doit impérativement partir de chez elle, sinon, elle reste toujours en mode ‘’travail’’, toujours prête à faire avancer certains dossiers ou à travailler sur de nouveaux projets. 

« L’inconvénient, en restant dans le coin, est que j’ai tendance à vouloir prendre de l’avance sur les aspects administratifs que j’aurais peut-être un peu négligés durant le reste de l’année. Dur, dur, d’éteindre son cellulaire! Le développement des affaires, entre autres, peut ralentir en période de production. Les périodes plus tranquilles seraient le moment de m’y attarder. En plus, comme mon bureau est à la maison, je suis confrontée visuellement à ma « petite pile » de choses en suspend dès que je prends une pause. Par contre, quand je quitte pour les vacances, je décroche instantanément. Même de simples sorties à la campagne me permettent de me ressourcer. Montréal a certainement beaucoup à offrir en terme de divertissement durant la belle saison, mais comme j’y habite et que j’en profite déjà tout au long de l’année, ce n’est pas en restant à Montréal que je peux faire la coupure», dit-elle.

Le temps de planification des vacances est également à prévoir à l’agenda, tout comme l’ajout de la catégorie « fun dollars » à notre budget, si on veut être capable de mettre de l’argent de côté pour les périodes plus creuses.

« En ce qui me concerne, je m’arrange pour arrêter dès que les clients partent en vacances. Je me calque un peu sur leur agenda! Aussi, j’en profite pour étirer certains déplacements à l’étranger quand c’est possible. Cet automne, ce sera le cas, puisque je serai en mission à Bordeaux pour le SIDIIEF. Des avantages agréables dont je compte bien profiter!» conclue-t-elle.


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Puisqu’on parle de vacances et des temps de pause pour les entrepreneurs, je vous suggère de lire Le corps, ce partenaire d’affaires capricieux, mon entrevue avec Frédéric René, co-fondateur de Liki, une startup de Montréal spécialisée en commerce électronique

Bonne lecture!

Karina Brousseau, éditrice

 

 

Startup et financement: l’encaisse comme arme ultime

Comme une épée de Damoclès, l’argent est la question planante dans l’esprit de tous les entrepreneurs. À chaque virage, chaque embranchement de la trajectoire de développement d’une entreprise, le financement peut représenter une menace à la survie des projets, l’étendue maximale des tactiques promotionnelles, la formation des employés, etc. Je discute de la question avec Frédéric René, un entrepreneur en commerce électronique qui ne baisse jamais la garde concernant les risques, malgré les conditions favorables dans lesquelles son travail s’effectue a priori.


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Inévitable « bootstrapping »

Liki, une jeune startup offrant des solutions technologiques aux marchands et aux ambassadeurs d’industries, connaît depuis près de 3 ans déjà, un succès enviable. Récemment offerte en marque blanche à des revendeurs, la solution de commerce en ligne fait beaucoup parler dans le marché. Les ventes de la solution vont bon train, le nombre d’employés a triplé depuis un an et la boîte s’apprête à ouvrir les valves sur de nouveaux marchés étrangers.

En cette période charnière de croissance où tout à l’interne demande d’être normalisé, les processus de vente resserrés et structurés, l’embauche et la promotion des services de l’entreprise grugent des budgets accrus.

Malgré le succès rapide de leur précédente entreprise, Les enchères Bidou, et le fonds de roulement intéressant qui fut réinjecté dans Liki à ses débuts suite à la vente de Bidou, l’encaisse (le cashflow) est constamment surveillée.

« Au démarrage, Liki est allé chercher des argents de différents programmes de prêts et de subventions. La Société économique de développement Ville-Marie,  la Fondation Montréal Inc., Futurpreneur (anciennement la Fondation canadienne des jeunes entrepreneurs) et la BDC ont cru en nous dès le départ. Des investisseurs privés ont également pris part à notre aventure. Cependant, de mois en mois, les revenus rattachés aux ventes ont été en deçà des prévisions. Il nous est arrivé à deux reprises de pratiquer le bon vieux « bootstrapping » et de se serrer la ceinture, mon frère co-fondateur et moi, pour être certains de pouvoir payer les employés. C’était limite, comme on dit! On y est arrivé, mais on est encore sensible financièrement. Chaque sous est compté et chaque action est méticuleusement sous-pesée pour assurer ses retombées», confie Frédéric.

Une course contre la montre

Les investisseurs privés recherchent typiquement à investir dans des entreprises où les revenus sont récurrents et éventuellement, exponentiels. Chez Liki, les derniers mois ont été concentrés à s’associer à des revendeurs en marque blanche, donc les cycles de ventes ont été plus longs qu’à l’habitude. Aussi, certains partenaires n’ont pas pu respecter leurs engagements initiaux. En conséquence, les frères René ont été contraints de cautionner personnellement des prêts proposés par les grandes banques et ils ont dû devancer certaines recherches de financement. L’encaisse est devenue comme une épée de Damoclès.

« Je suis d’accord avec Andry Lant Rakoto (qui le mentionnait dans sa dernière entrevue); les banques sont frileuses aux risques et elles ont besoin de preuves de concept avant de prêter de façon plus imposante. On avait initialement prévu notre prochaine ronde de financement au printemps 2016, mais nous devrons la devancer à cet automne. On doit donc, par ricochet, devancer l’exécution de certains plans de mise en oeuvre pour avoir le plus de cartes en main et convaincre les différents bailleurs de fonds. Cela sous-entend le chamboulement des besoins en termes de types de ressources. La question des liquidités refait inévitablement surface, à chaque fois! » explique-t-il.

Les défis de la dotation et de la rétention des employés

Bâtir une équipe chevronnée à petit prix, maximiser l’implication des employés, favoriser la rétention de ces derniers, les défis rattachés à l’agrandissement de la « famille » sont également très importants.

« Les salaires offerts dans les entreprises en démarrage sont nécessairement plus bas que dans les grandes entreprises. Ça prend donc des gens motivés, qui s’impliquent avec leur coeur autant que leur tête. Souvent les jeunes diplômés viennent faire leurs classes dans les startups, parce que c’est l’endroit idéal pour toucher à plein de choses, étendre ses perspectives et ajouter de nouvelles cordes à son arc. On leur laisse souvent plus d’autonomie et de flexibilité, ils ont le sentiment de faire partie d’une famille, et plus que tout, de participer concrètement à l’aventure entrepreneuriale. Leurs réalisations sont toujours tangibles et les nouveaux défis sont quotidiens. Il y a aussi souvent des avantages en termes de possibilités d’achat d’actions à un tarif privilégié.
Pour l’employeur, il y a différents crédits d’impôt et des bons d’emplois du gouvernement (comme dans le Programme Emploi Jeunesse) qui peuvent être utilisés pour réduire le fardeau de la dotation. Certains entrepreneurs peuvent même profiter des crédits CDAE (développement des affaires électroniques) qui représentent un crédit d’impôt équivalant à 30 % du salaire admissible, jusqu’à concurrence d’un salaire annuel de 83 333 $ par employé admissible. », mentionne Frédéric.

Présentation « béton » pour bailleurs de fonds tatillons

À quelques semaines de leur prochaine ronde de financement, l’équipe est en feu et met les bouchées doubles pour accélérer la récolte du fruit de leur travail acharné des derniers mois. Frédéric et ses partenaires se préparent à faire une présentation du tonnerre aux investisseurs potentiels et grandes institutions bancaires. C’est la croisée des grands chemins.

« On vise à atteindre notre seuil de rentabilité. On visera dans les six zéros. Inévitablement, notre plan de développement doit être « béton » et l’évaluation de notre marge de manoeuvre également. Avec l’expérience, je me suis rendu compte que ce n’est pas tant le montant demandé qui compte, pour les bailleurs de fonds, autant que la justification du montant demandé et la solidité de l’argumentaire. Croyez-moi, on sera prêt! » ajoute-t-il, déterminé.


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Financement: des prêts sans risque! Les banques sont-elles réellement partenaires de la réussite des jeunes entrepreneurs? Mon entrevue avec Andry Lant Rakoto, qui élabore sur le modèle de prêts des grandes institutions financières.

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Mon entrevue avec Isabelle Moïse, une jeune travailleuse autonome spécialisée en communications, marketing et événementiel, avec qui j’aborderai la question des crédits d’impôt et de la comptabilité au démarrage de son entreprise iMoïse Conseil.

Donc, c’est un rendez-vous!

Karina Brousseau, éditrice

Financement : des prêts sans risque!

La détermination dont les entrepreneurs en démarrage font preuve m’inspire énormément de respect. Une des questions récurrentes, qui les hante au quotidien et qui mérite certainement l’objet d’une thématique sur le blogue Le feu sacré est sans contredit celle du financement. J’ai voulu mettre en lumières, tout au long du mois de juillet, les efforts des 3 entrepreneurs en démarrage d’entreprise que je suis depuis octobre dernier et leurs démarches dans les dédales de l’échiquier du financement.

Andry Lant Rakoto, fondatrice des produits fins Marclan, nous parle aujourd’hui de ses débuts facilités par certains organismes de subventions, mais également des défis engendrés par les impératifs de financement des grandes institutions bancaires.


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Les banques, partenaires de notre réussite?

Comme plusieurs entrepreneurs, Andry n’a pas hésité à investir ses sous comme mise de fonds au début de son aventure entrepreneuriale. Elle a, de plus, profité de l’aide de Futurpreneur (anciennement connu sous le nom de la Fondation canadienne des jeunes entrepreneurs). En tant que jeune immigrante, elle a aussi bénéficié du support du Fonds Mosaïque favorisant les femmes en affaires.

Cependant, malgré le fait qu’Andry ait un plan d’affaires solide, un mentor chevronné à ses côtés et un carnet de commandes bien rempli, elle n’a pas encore profité de prêts bancaires.

Andry vise le marché de l’alimentation et elle a récemment modifié son plan de commercialisation pour offrir désormais ses produits aux distributeurs.

Pour elle, la question demeure: le financement des activités de démarrage est-il plus facile à trouver que le financement des phases de développement et de croissance de notre entreprise?

Andry en a souvent été témoin, pour elle-même ou pour des homologues. Elle avance:

« Malgré l’impression que peuvent donner les multiples campagnes publicitaires des grandes institutions bancaires vantant leur enthousiasme face à l’entrepreneuriat et promouvant la générosité de leurs programmes de financement des nouveaux projets d’affaires, la réalité en est toute autre!  Au démarrage, les entrepreneurs se butent plus souvent qu’autrement à des refus de financement par ces dernières.
À mon avis, le financement du démarrage devrait être mené par étape du cycle d’avancement de l’entreprise. La preuve de concept n’est que la première étape et dans la plupart des cas, réservée à notre mise de fonds, les subventions et les concours.
Les étapes suivantes seraient la preuve de marché, la croissance et ainsi de suite. Le montage financier devrait ainsi considérer les différentes étapes et cibler les sources de financement adaptées à celles-ci. La vérité, c’est que les banques et les autres bailleurs de fonds classiques prêtent quand la preuve de concept est faite. Jusqu’à temps que les revenus soient suffisamment élevés à « leur goût », les excuses de refus parfois systématiques abondent et sont justifiées suite aux résultats de leurs « modèles d’analyse de risques et probabilités ». On n’y échappe pas ! »

Pas juste une question d’argent

Par ailleurs, il ne s’agit pas seulement de faire arrimer les budgets et les aspirations de rendement des bailleurs de fonds avec la réalité financière de notre entreprise pour qu’un financement soit porteur de succès. Au-delà de l’argent, il faut aussi que les visions sur les prochaines étapes soient assumées par toutes les parties concernées.

« Le côté relationnel, les rapports de force et le principe des visions communes s’appliquent aux organismes de prêts comme aux anges financiers ou aux banques. Un entrepreneur doit être attentif aux types de projets soutenus par les sources visées. Il faut reconnaître que tous les bailleurs de fonds ont leur zone de confort. S’associer à un organisme et travailler conjointement avec un directeur de compte ou un financier qui ne comprend pas bien les enjeux réels auxquels on fait face nous fait perdre plus de temps et d’énergie qu’autre chose. Il y a souvent une question cruciale de momentum en affaires. La recherche de financement est généralement planifiée à l’agenda de l’entrepreneur, autant que faire se peut, à l’aide d’indicateurs-clés. Mais parfois, les rondes de financement doivent être devancée, pour différentes raisons. Par exemple, une demande accrue du marché nécessitant une augmentation de la production, donc des investissements au niveau des infrastructures, pourrait entraîner un déplacement des efforts de financement à l’agenda. Si les investisseurs prennent ensuite trop de temps pour se décider, ou même se désister, l’entrepreneur peut rater le bateau comme on dit! Rien ne sert de s’acharner dans ces cas-là. Le temps aussi, c’est de l’argent, et il vaut parfois mieux faire cavalier seul que d’être mal accompagné! » avise Andry.

Prévisions pessimistes, réalistes, optimistes: permettent-elles vraiment de se faire une tête?

L’erreur est classique et les entrepreneurs en démarrage eux-mêmes vous le diront: ils sont souvent trop optimistes en ce qui a trait à leurs ventes et leurs prévisions budgétaires ne tiennent pas assez compte des erreurs potentielles, des retards de paiements des clients, des imprévus du marché, etc.

Andry en rajoute: « Les prévisions financières, c’est bien! Mais ces prévisions révèlent davantage sur le chiffre d’affaires alors que le nerf de la guerre pour durer en affaires, c’est le budget de caisse, autrement dit, le cashflow au fil des mois. Avec mon expérience jusqu’à présent, je dirais que c’est davantage là-dessus qu’il faut analyser les risques pour s’assurer de la pérennité de l’entreprise. »

Un petit monde que celui des bailleurs de fonds!

Les sources d’aide sont nombreuses et les formes de financement se diversifient. Depuis quelques années, la popularité du « financement participatif » ou crowdfunding connaît un essor incontestable. Cependant, ce type de financement n’est certes pas adapté pour toutes les industries. L’image de la marque, son offre aux consommateurs, la présentation du dossier sur les sites destinés à cet effet (les Kickstarter, et tutti quanti), et l’aspect viral de la proposition de l’entrepreneur influencent grandement le succès de ces levées de fonds grand public. Pour Andry, le financement participatif ne s’est pas avéré de grand secours. Elle se concentre maintenant sur les sources plus conventionnelles.

De façon générale, les rondes de financement se chevauchent et les états financiers doivent refléter ces dernières. L’importance du montage financier est parfois cruciale pour convaincre les différents investisseurs. Si les lettres d’appui « inter-financement » sont rares, il peut y avoir des financements conditionnels à l’obtention de d’autres.

« C’est un bien petit monde! C’est donc d’autant plus important de tabler sur notre notoriété, les relations publiques, notre image dans les réseaux sociaux, la mise de l’avant de notre projet dans notre communauté. C’est certain que cela influence positivement les éventuels bailleurs de fonds. En ce qui concerne Marclan, j’ai vu une différence depuis que j’y consacre davantage d’énergies en ce sens», confie Andry.


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Karina Brousseau, éditrice

Mentor ou psy?

La dimension de mentorat et de coaching d’affaires a son importance dans la vie des jeunes entrepreneurs et travailleurs autonomes. Je m’attarde tout au long du mois de juin à cette dernière sur le blogue Le feu sacré. Cette semaine, Isabelle Moïse, consultante à son compte depuis 1 an et demie, nous avoue pourquoi l’option du mentorat ne lui convient pas, pour l’instant.


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Le mentorat aux entreprises

Pas facile tous les jours d’être en affaires, on le sait!

Quand vient le temps d’aller chercher un regard extérieur sur nos activités d’affaires, les entrepreneurs ont de multiples options à leur disposition. Qu’on penche vers le coaching technique, le coaching de vie personnelle, le coaching de vie professionnelle, la consultation, le mentorat d’affaires, toutes ces options peuvent être pertinentes à différentes périodes, selon notre personnalité, les objectifs visés du moment et nos préférences en termes de « style » de support.

Andry Lant Rakoto, fondatrice des produits fins Marclan et Frédéric René, co-fondateur et CEO de Likisoft mentionnaient tous, deux dans leurs dernières entrevues, à quel point l’accompagnement de leur mentor d’affaires leur est précieux. Leurs mentors leur ont permis d’opérer des virages importants dans leur compagnie respective en les guidant dans leurs réflexions et en partageant avec eux leurs propres expériences afin de les aider dans leur conciliation entreprise-famille, entre autres.

Pour Isabelle Moïse, travailleuse autonome, le mentorat d’affaires s’avère effectivement une source de support intéressante. Elle-même présidente du comité Parrainage et mentorat du Réseau HEC pendant quelques années, elle pose un regard positif sur tout accompagnement entre une personne d’expérience et un jeune en démarrage d’entreprise. 

Cependant, elle ne perçoit pas que le mentorat d’affaires soit pertinent pour elle-même pour l’instant, n’en ressent pas encore le besoin, du moins.

Un 2e regard qui ralentit la prise de décision?

« À ce stade de développement de mon entreprise, tenir compte d’un regard extérieur d’un mentor ajouterait une certaine lourdeur à mon processus de décision. J’aurais l’impression d’ajouter une deuxième « couche », en dédoublant les réflexions, en ralentissant la mise en exécution. En consultant un mentor, j’appréhenderais aussi peut-être de me sentir obligée de mettre en pratique certaines de ses recommandations à différents niveaux. En tant que consultante, mon entreprise, c’est moi. Les décisions à prendre sont souvent reliées à mon expertise propre … », avance-t-elle.

De par sa nature, Isabelle tente toujours de trouver des solutions par elle-même, le cas échéant. Elle accorde plus de crédit aux gens qui suggèrent, qu’aux gens qui affirment. Elle apprécie les conseils, mais elle ne les applique jamais tels quels, les yeux fermés. C’est donc vers sa famille et ses amis de confiance, ses « conseillers personnels » et son réseau de collaborateurs professionnels qu’Isabelle va plutôt chercher des validations extérieures et du support, si besoin est.

« J’ai la chance d’être entourée d’amis de longue date, oeuvrant dans mon secteur ou dans des secteurs administratifs connexes, auprès de qui je me tourne régulièrement aussi pour prendre leur point de vue et ventiler. J’ai également un excellent réseau professionnel bâtit et entretenu au cours de tout mon cheminement académique et professionnel. Des gens d’expériences, issus de tous les domaines, vers qui je sais que je peux me tourner en période de questionnements. Je suis très bien épaulée et j’en remercie la vie! » dévoile-t-elle fièrement.

À chacun sa zone de compétence!

Les raisons pour aller chercher de l’aide dépassent celles reliées aux défis de gestion. Et, les raisons personnelles liées aux émotions ressenties au démarrage de son entreprise, les doutes ou les bloquants vécus en affaires, peuvent prendre racines bien au-delà du début de notre aventure entrepreneuriale. Si le besoin s’en faisait sentir, qu’elle ne pouvait plus « avancer par elle-même », Isabelle n’hésiterait pas à consulter un psychologue.

« J’ai eu recours à la consultation psychologique à différentes périodes de ma vie et j’ai retiré de ces rencontres un grand bien ainsi qu’une meilleure compréhension de moi-même. J’ai pu identifier mes outils intrinsèques, mes mécanismes de défense, mes paterns… En affaires, toutes nos décisions, notre façon d’aborder chaque problématique et notre développement global dépendent directement de ça! » avance Isabelle.

« Quelques fois, certains mentors deviennent malgré eux des psychologues et s’aventurent dans un accompagnement qui peut dépasser leur zone de compétences réelles. Cette ligne d’intervention peut être dangereuse à franchir, car un mentor maladroit pourrait, sans le vouloir, faire même du tord à son mentoré. Un bon mentor recommanderait à l’entrepreneur, lorsqu’il le jugerait nécessaire, d’aller plutôt consulter un psychologue », ajoute-t-elle.

Le coaching: valorisant pour le coach!

À l’instar d’Andry Lant Rakoto qui en faisait part dans son entrevue il y a deux semaines, Isabelle fait elle-même, par ailleurs, du coaching à l’occasion, bénévolement et de façon informelle.

«  C’est tellement gratifiant et surtout enrichissant d’aider les autres et de savoir qu’on contribue ne serait-ce qu’un petit peu à l’avancement d’un beau projet. Le coaching valorise nos connaissances et nous permet de léguer un peu de nos expériences. Je comprends que beaucoup de gens désirent s’adonner au coaching! Personnellement, j’ai toujours beaucoup de plaisir à conseiller des collègues ou des finissants au BAC, par exemple. On crée un lien particulier avec les gens que l’on coach, ça crée une proximité. Comme coach, je m’intéresse d’abord à la personne et ensuite à son parcours. Je pense que c’est la meilleure façon de se développer. Il faut apprendre à se connaître soi-même pour mieux avancer. Aussi, je m’intéresse toujours à la poursuite du parcours des gens que j’aide!» ajoute Isabelle.


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Nouvelle thématique de juillet sur le blogue Le feu sacré: le financement en démarrage d’entreprise!

Donc, c’est un rendez-vous!

Karina Brousseau, éditrice

Avec les lunettes de mon mentor d’affaires…

Frédéric René, co-fondateur et CEO chez LikiSoft, est en affaires avec son frère Jean-François René et la boîte de commerce électronique, qu’ils bâtissent ensembles depuis déjà 2 ans, a le vent en poupe. L’entreprise s’apprête à changer de phase de développement. J’aborde avec lui la question du mentorat. Accompagné depuis ses débuts en affaires par un mentor de confiance, c’est avec enthousiasme qu’il a répondu à mon invitation à se confier sur cette relation précieuse, pour le bonheur des lecteurs du blogue Le feu sacré!


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Quand la lassitude nous guette

Quand on démarre son entreprise, il faut s’armer de patience, c’est bien connu!

Selon la longueur de nos cycles de ventes, les efforts de commercialisation peuvent prendre plusieurs mois à se concrétiser en argent sonnant. Il faut laisser le temps aux partenaires de prendre leurs décisions et, plus les partenaires sont importants, plus les équipes décisionnelles sont imposantes. Les séances de négociation se prolongent, les délais de rencontres avec les intervenants impliqués sont généralement plus longs et les préliminaires pour arriver à signer une entente en bonne et due forme sont plus nombreux.

« C’est trippant, mais c’est essoufflant à la longue! Il y a une « mécanique » dans le processus de vente et dans le processus des rondes de financement. On prépare nos documents personnalisés, on tient régulièrement nos contacts informés de l’évolution de l’entreprise, on prend des rendez-vous, on présente la compagnie, on se justifie sur notre stratégie: on est en mode séduction. Cette mécanique est nécessaire, mais certaines tâches peuvent parfois sembler « redondantes ». Quand les démarches aboutissent, c’est un rush d’adrénaline incroyable, très porteur, très dynamisant pour les vendeurs, mais aussi pour toute l’équipe. Ça confirme à tout le monde qu’on a raison de croire au produit et en la compagnie! Mais quand c’est long, qu’il y a des périodes d’incertitudes, les tâches redondantes faisant partie du processus obligatoire nous irritent davantage. Je me sens las, à l’occasion. Mon mentor m’apporte un support crucial dans ces moments-là! » avoue Frédéric.

Savoir s’abreuver « ailleurs », élargir notre « définition de succès », voir les progrès dans tous les départements deviennent alors essentiels. Pour continuer sans relâche, il faut s’encourager avec toutes les victoires et les progrès concrets, qu’ils soient les nôtres directement ou ceux de chaque membre de l’équipe.

« C’est là où la notion d’esprit d’équipe prend tout son sens!» renchérit-il.

De la phase d’introduction à la phase de croissance de l’entreprise

Un démarrage d’entreprise peut être plus ou moins long selon les entreprises, selon leurs secteurs d’activités, selon la présence de la compétition, etc. Souvent, au démarrage, l’entreprise profite de l’effet de la nouveauté, d’un buzz médiatique, d’un engouement de l’industrie et de la curiosité des clients. Les premiers clients servent de levier promotionnel pour aller en chercher d’autres. La courbe de croissance est intéressante, mais elle peut ralentir après quelques mois et devenir plus linéaire. C’est ce qu’on appelle la phase d’introduction.

Pour passer de la phase d’introduction à la phase de croissance comme telle, il faut beaucoup d’énergie. Il faut stabiliser les acquis et raffiner nos stratégies pour booster le développement des affaires. Ces nouveaux défis de gestion sont exigeants et l’aide extérieure d’un mentor aguerri, expérimenté en entrepreneuriat, qui pose un regard impartial sur l’état des lieux, peut s’avérer cruciale dans cette période charnière.

« Ce qui est génial avec mon mentor, c’est qu’il a été entrepreneur dans un autre secteur que celui des technos. Il voit les choses d’un oeil différent et me fait regarder par d’autres genres de lunettes. Il m’aide à analyser chaque situation d’un autre angle. Il m’aiguille dans les activités de gestion plus génériques, communes à tous les secteurs, telles que les ressources humaines, les finances, la comptabilité. La confiance est établie, donc on aborde aussi sans problème le côté plus personnel également. Il ne prend jamais position de toute façon. Il est très respectueux et adroit, verbalement. Quand on se rencontre, je suis 100% réceptif à ses propos. Je ne me sens jamais jugé par lui…», explique Frédéric.

Pour un mentorat d’affaires gagnant

Frédéric en convient: l’humilité, l’ouverture, la curiosité de l’autre, la facilité à communiquer avec son mentor, à verbaliser l’état des lieux de notre entreprise ou nos émotions et nos doutes sont des facteurs facilitant pour retirer le maximum d’une relation mentor-mentoré.

« C’est certain qu’il faut au départ vouloir se remettre en question, vouloir se questionner et reconnaître que notre vérité n’est pas la seule vérité. Si les fondements de nos décisions sont remis en cause par notre mentor, il faut être capable d’entendre ses solutions alternatives et peut-être, éventuellement, écarter nos premières analyses. Cela sous-entend bien entendu avoir suffisamment confiance en soi pour ne pas se diminuer suite aux critiques constructives et avoir également suffisamment confiance en soi pour savoir qu’on saura bien évaluer et choisir parmi les options présentées par un mentor, si applicable. Si on est fermé à d’autres visions, qu’on se sent toujours incompris ou qu’on occulte les meilleures pratiques présentées (par orgueil, par fierté, ou pour d’autres raisons), on passe à côté de l’essence-même du mentorat! » rappelle-t-il.


Vous pourriez aussi aimer:

Mon entrevue avec Andry Lant Rakoto, jeune entrepreneure montréalaise d’origine malgache, qui nous parle de mentorat en cette période de pivot de Marclan. Son entreprise s’oriente, depuis quelques mois, vers le marché B2B de l’alimentation.

À ne pas manquer la semaine prochaine:

Isabelle Moïse, consultante à son compte, nous explique pourquoi elle n’a pas, pour sa part, recours aux services d’un mentor. 

Donc, c’est un rendez-vous!

Karina Brousseau, éditrice

Mentorat: développer son savoir-être entrepreneurial

Le blogue Le feu sacré se consacre, tout au long du mois de juin, au mentorat et au coaching d’affaires en démarrage d’entreprise. Les 3 entrepreneurs suivis dans ce blogue se confient sur le type de support extérieur dont ils profitent pour les aider dans leurs démarches en affaires. Cette semaine, je m’entretiens avec Andry Lant Rakoto, jeune entrepreneure d’origine malgache et CEO des produits fins Marclan. Elle en est encore à sa première année de démarrage d’entreprise. Elle vient d’effectuer un pivot majeur dans la stratégie de son développement des affaires en prenant un virage B2B et en offrant aux professionnels du secteur alimentaire québécois et canadien ses produits de chocolat, vanille et épices fines de Madagascar. J’aborde avec elle le rôle important que joue son mentor d’affaires dans le succès de ce virage à 90 degrés.


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Au Québec depuis moins de 5 ans, Andry Lant Rakoto n’a pas perdu de temps pour s’intégrer chez nous et se lancer en affaires. En plus de mettre les bouchées doubles dans la mise en oeuvre de son projet, elle a su se bâtir un réseau enviable dans les différentes communautés liées à ses activités. Parmi la multitude de ressources offertes dans le milieu entrepreneurial (coaching technique, coaching de vie personnelle et professionnelle, consultants, conseillers, mentorat), c’est vers le mentorat d’affaires qu’elle a toujours penché. Coach d’affaires elle-même au Centre d’Entrepreneurship HEC-POLY-UdeM, elle connaît bien l’importance de développer son « savoir-être » entrepreneurial avec un mentor, qu’elle estime crucial pour réussir dans les premières années de vie d’entrepreneur.

Tout vient à point à qui sait attendre

La rencontre d’un mentor d’affaires avec qui ça clique est un véritable cadeau. Grâce au REPAF (le Réseau des entrepreneurs et professionnels africains), elle profite maintenant d’une aide précieuse de son mentor attitréLe timing de cette rencontre ne pouvait pas être plus parfait.

« J’ai eu le bonheur de pouvoir compter sur un mentor spécialisé en développement des affaires, au moment-même où je changeais ma stratégie de mise en marché. Je venais tout juste de m’inscrire au SIAL Canada, un des plus gros salons alimentaires du pays, où tous les exposants et les participants sont issus du secteur agroalimentaire. Il m’a aidé à penser à tout en me posant les bonnes questions et a sanctionné plusieurs de mes intuitions et analyses. Il ne m’a jamais dit quoi faire; il m’a permis d’approfondir mes réflexions. Je suis arrivée au SIAL en plein possession de mes moyens, confiante et préparée à pouvoir livrer mes services peu importe la quantité de commandes générées suite au congrès. Depuis, on apprend à se connaître, on découvre nos affinités, la confiance grandit. Sans mon mentor, la transition vers ce nouveau marché serait beaucoup plus ardue… », explique Andry.

La relation « mentor-mentoré »

Voilà déjà 2 mois qu’Andry est mentorée. Elle est très satisfaite jusqu’à présent et le programme répond en tous points à ses attentes. Les facteurs primordiaux de succès sont respectés:

« Les mentors d’affaires se doivent d’être expérimentés dans leur secteur, impartiaux et bénévoles. Il y a un code d’éthique à respecter dans n’importe quel programme de mentorat. Les échanges doivent aussi rester confidentiels et il ne doit y avoir aucun risque de conflits d’intérêts entre le mentor et le mentoré. Ensuite, la qualité de la relation est beaucoup liée au respect mutuel qui s’installe. Les mentorés doivent faire leurs devoirs en amont pour maximiser le temps précieux dont ils disposent avec leur mentor. Établir des objectifs clairs avant chacune des rencontres est essentiel et les exprimer clairement l’est tout autant! Par exemple, je prépare toujours mes documents à l’avance et arrive systématiquement aux entretiens avec un ordre du jour», précise-t-elle.

Une relation mentor-mentoré, comme n’importe quelle relation, se bâtit et se bonifie avec le temps. Après la période d’observation mutuelle des débuts, la confiance s’établit, les personnalités se révèlent. Un langage commun et une complicité s’installent. Le mentor gagne de plus en plus en crédibilité en partageant ses expériences concrètes et peut de mieux en mieux anticiper les impacts des décisions de son mentoré. Il fait preuve de doigté selon la sensibilité du mentoré à la critique.

Objectif: savoir-être entrepreneurial

Pour sa part, au fil de la relation mentor-mentoré, le mentoré devient de plus en plus transparent dans le dévoilement de ses visions pour son entreprise et il précise davantage le détail de son modèle d’affaires. Il est aussi plus expressif quant à ses états d’âmes.

« Plus les deux sont à l’aise, plus les effets sont palpables. Etre en « représentation », cacher ou maquiller des éléments à son mentor ne mène nulle part! Il est évident que même si la relation porte a priori sur les affaires, les spectres social et émotif entrent souvent dans l’équation et contribuent à notre niveau d’énergie dans notre entreprise. Il faut donc pouvoir en parler librement si nécessaire avec notre mentor, tout en mettant des limites. Aussi, il faut comprendre que l’aide à la prise à la décision, la gestion du temps, la gestion du stress, démêler les priorités, c’est bien beau en théorie, mais en pratique c’est une autre paire de manches! Mon mentor m’aide à évaluer toutes les avenues possibles, grâce à son expérience, et surtout, m’aide à développer un savoir-être et à adopter des comportements facilitant la prise de décision et à gérer les imprévus en affaires », explique Andry.


Vous pourriez aussi aimer:

La dictature du bonheur en affaires: Mon entrevue avec Marie-Claude Élie-Morin, journaliste et auteur du livre La dictature du bonheur. Elle nous donne de son point de vue face aux coachs de vie et l’approche parfois utopique de certains gourous de la croissance personnelle et professionnelle ou encore, celle des « motivateurs ». Une mise en garde avisée pour les jeunes entrepreneurs en quête de support.

À ne pas manquer la semaine prochaine:

Frédéric René, de LikiSoft, nous parle de l’apport de son mentor. Il joue présentement un rôle primordial à l’heure où il passe de la phase d’introduction de son entreprise à la phase de croissance. On aborde aussi l’état d’esprit essentiel dans lequel être pour bien profiter d’une relation de mentorat, selon son expérience.

Donc, c’est un rendez-vous!

Karina Brousseau, éditrice

Dans l’ascenseur émotionnel d’une jeune entrepreneure

Mélanie Heyberger

Mélanie Heyberger

Lorsqu’on dit qu’on se lance en affaires, la réaction des gens est souvent admirative et suivie d’un « tu es tellement courageuse, moi je n’oserai pas! ». Quitter sa zone de confort n’est certes pas inné pour tout le monde et quand on fait le grand saut, il est important de réaliser à quel point il faudra s’accrocher. Il y a maintenant 8 mois, je me suis lancée et je suis devenue entrepreneure. J’ai démarré Le coffret de Rachel, qui a pour mission de remettre de la vie dans la garde-robe des femmes grâce à un accessoire indispensable : le collant! Je vous partage aujourd’hui mes impressions sur cet « ascenseur émotionnel » dans lequel je me suis embarquée avec mes deux précieuses associées.

Incertitude, impatience, excitation : Le pré-démarrage

Lorsque l’idée est née, les émotions les plus difficiles à canaliser étaient l’impatience et l’excitation. Je voulais absolument que ça aille vite sans être totalement consciente à quel point il faut du temps et à quel point l’étape de la validation de marché est cruciale! En effet, si personne ne voulait de notre produit, c’était du temps, de l’énergie et de l’argent gaspillés!

Durant cette période, il m’est aussi souvent arrivé d’être gênée ou insécure. Ça m’arrivait surtout lorsque je savais que j’allais être confrontée au jugement d’experts, à leurs critiques. Tant que la validation de marché n’était pas complétée, je vivais constamment ce sentiment d’incertitude et je manquais de confiance en mon idée.

Le lancement

Juste avant le Jour J du lancement de notre entreprise, je me suis familiarisée avec les insomnies. N’étant pas stressée de nature, cette anxiété, cette fébrilité nouvelle m’a fait réaliser à quel point j’avais ce projet à cœur et combien je voulais qu’il fonctionne. C’était un stress positif, stimulant et motivant. Le tout était de savoir le gérer!

Mon conseil à tous les nouveaux entrepreneurs lorsqu’ils dévoilent leur nouveau concept sur le marché: ne pas se laisser emporter par l’effet du « buzz médiatique ». Même s’il est très encourageant, il faut savoir vite redescendre sur terre et… livrer ses promesses!

En ce qui nous concerne, notre lancement a connu un très beau succès, mais la plus grosse partie du travail reste à venir. Il faut maintenant mettre les bouchés doubles et être à la hauteur des attentes. Le tout sans oublier de faire des pauses de temps en temps, accessoirement!

Et depuis?

…beaucoup d’interrogations! On observe ce qui va et ce qui ne va pas, on parle au monde et on s’adapte. J’ai appris qu’être flexible et ouverte sont des qualités indispensables pendant le développement des affaires. Même si on n’en a pas toujours envie, c’est important d’écouter les critiques et de les voir comme constructives. Il faut garder en tête que c’est en faisant des erreurs qu’on apprend et qu’on s’améliore!

Depuis les débuts officiels, mes partenaires et moi nous sommes ajustées et avons « pivoté » plusieurs fois. On a pris, entre autres, l’importante décision de changer notre site web et d’adapter notre offre. C’est vraiment satisfaisant de recevoir désormais des commentaires positifs et de se rendre compte du chemin qu’on a parcouru en si peu de temps.

Il nous est souvent arrivé de rentrer le soir, découragées, avec le sentiment de pas avoir avancé. On s’est demandé chaque fois comment le temps avait fait pour passer aussi vite! On a encore parfois du mal à quantifier l’impact de notre travail au jour le jour, parce que les résultats ne se voient pas toujours immédiatement.

Je suis en train de comprendre qu’il est important de valoriser nos progrès. Chaque accomplissement, qu’il soit petit ou plus important, mérite d’être mis de l’avant. Quoi de plus motivant pour nous pousser à faire encore mieux?

Les commentaires pertinents, les encouragements et les félicitations provenant de l’extérieur de l’entreprise ont toujours des impacts très positifs sur notre état d’esprit. On a parfois (souvent) besoin d’être rassuré. Les bons mots nous permettent d’acquérir plus de confiance et d’aller plus loin.

Aujourd’hui, je suis encore plus stimulée et excitée par mon entreprise qu’au premier jour. Il m’arrive encore de me réveiller en pleine nuit (j’ai d’ailleurs opté pour le cahier et le stylo à côté du lit pour ne pas perdre mes bonnes idées!). J’apprends petit à petit à gérer mes émotions, à ne pas m’emballer trop rapidement, à ne pas être trop impatiente ou à m’éparpiller.

L’importance de mon équipe

J’ai la chance d’avoir deux associées extraordinaires avec qui je peux tout partager. Elles ont pris une place très importante dans mon épanouissement professionnel et personnel.

Nos trois caractères et nos façons de réagir très complémentaires font clairement notre force. À titre d’exemple, le côté plus terre à terre de l’une va me permettre de me recadrer, me tempérer. Puis, le caractère plus émotif de l’autre va rendre l’aventure encore plus humaine et me motiver chaque jour. Mais, au delà des traits de caractères, les émotions vécues par chacune au quotidien déteignent très rapidement sur celles des autres. Elles ont des répercussions sur notre façon de travailler ensembles et sur notre plaisir à faire équipe. Nous apprenons chaque jour à conjuguer nos élans émotionnels respectifs et à s’en servir comme levier.  C’est sans aucun doute un des apprentissages les plus indispensables pour un entrepreneur!


Vous pourriez aussi aimer:

Un démarrage haut en émotions: mon entrevue avec Andry Lant Rakoto, généreuse et transparente. Elle se confie sur les hauts et les bas vécus lors du lancement de son entreprise Marclan, les émotions qui l’ont le plus étonnée, l’importance du discours intérieur qu’elle entretient et son « cercle affectif ».

Le corps, ce partenaire d’affaires capricieux: Mon entrevue avec Frédéric René, co-fondateur de LikiSoft, avec qui j’aborde la question du contrôle du stress et des émotions en démarrage d’entreprise. Il nous sensibilisera, entre autres, à la notion de somatisation.

Des émotions qui propulsent les affaires: Isabelle Moïse, consultante en marketing événementiel, est en quelque sorte son propre produit. Seule à la barre, il est d’autant plus crucial pour elle de se connecter en tout temps avec ses émotions et d’être outillée à faire face à toute éventualité, notamment lors des échecs. Un témoignage fort utile pour tous les entrepreneurs, ces « marathoniens » sur la route des affaires!

À ne pas manquer ce jeudi:

Solange Côté, ASC une mentor d’expériences nous donne son point de vue sur les émotions à l’heure du démarrage d’entreprise.

Donc c’est un rendez-vous!

Karina Brousseau, éditrice du blogue Le feu sacré 

Un démarrage d’entreprise haut en émotions

Les émotions sont-elles un frein à la performance ou sont-elles plutôt un levier incroyable à la créativité? Des émotions, positives ou négatives, jalonnent tout le parcours entrepreneurial. Sur le blogue Le feu sacré, tout au long du mois de mai, j’aborderai la question du spectre des émotions ressenties par les entrepreneurs en démarrage d’entreprise. Cette semaine, c’est Andry Lant Rakoto, CEO des produits fins Marclan, qui se confie sur la délicate question. Pour cette jeune entrepreneure, le support émotif est tout aussi nécessaire que le support technique pour réussir en affaires.



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Des sentiments surprenants

Il y a à peine 5 ans, elle quittait Madagascar pour immigrer au Québec.
Depuis qu’elle a démarré son entreprise
Marclan en 2014, Andry Lant Rakoto a connu des hauts et des bas.
Elle a « pivoté » quelques fois, elle a connu des périodes de « vaches maigres », elle s’est engagée dans plusieurs nouvelles relations d’affaires, etc. Les défis de réseautage et de développement de marchés ne manquent pas. 

Les choses sont désormais stabilisées. Elle affronte l’avenir avec confiance, très fière du chemin parcouru jusqu’à présent. Épouse engagée et mère de 2 enfants en bas âge, elle a par ailleurs appris à ne rien prendre pour acquis et à gérer ses émotions en privé.

« Il faut beaucoup d’humilité quand on démarre en affaires. Cela affecte l’évaluation de notre propre travail dans le cadre du développement de notre entreprise, de son évolution ou de l’état d’esprit avec lequel on l’exécute », explique Andry. 

« Mon impatience, c’est ce que j’ai le plus de difficulté à gérer au quotidien. Il faut apprendre à laisser le temps faire son oeuvre. Et, le sentiment d’impuissance, c’est peut-être l’émotion qui m’a le plus surprise jusqu’à présent. C’est d’autant plus difficile à vivre dans les débuts, quand on vit de la solitude et qu’il faut s’encourager soi-même. C’est connu, les gens de l’extérieur attendent les résultats avant de nous donner des « tapes » dans le dos… » poursuit-elle.

Dans l’oeil du dragon, à côté des émotions

Le financement de notre projet d’entreprise fait partie de ces « tapes » dans le dos. Le cautionnement de notre stratégie par des investisseurs reconnus a un effet très motivant. Les émissions de télévision portant sur le financement de startups telles que Dans l’oeil du dragon connaissent actuellement une popularité incontestable auprès du grand public et nourrissent une image très positive des fondateurs d’entreprises. Démarrer en affaires n’aura jamais été aussi « glamour »! 

Ces émissions ont le mérite de vulgariser les processus de démarrage d’entreprise, de démystifier les différents modèles d’affaires et de mettre sur la sellette des entrepreneurs audacieux.

Cependant, le format de ces programmes peut toutefois minimiser l’impact des blessures entrepreneuriales.

« Ces émissions n’abordent pas le côté émotif des entrepreneurs. Qu’en est-il de l’état psychologique et émotif des entrepreneurs suite à l’abandon du projet par les investisseurs ou suite au refus « public » du financement de leur projet? L’émission n’en témoigne pas… La façon dont les entrepreneurs gèrent leurs émotions suite à des échecs aura pourtant des répercussions importantes sur la poursuite ou l’abandon de leur parcours entrepreneurial», déplore Andry.

Travailler son discours intérieur

On dit qu’il est impossible de prédire un succès d’affaires car chaque situation est unique et complexe. Cependant, on part toujours du principe qu’on va réussir, surtout si on a toujours réussi avant. Ce sentiment de confiance évolue parfois en un sentiment de toute-puissance. En contre-partie, quand on se sent ainsi, on tombe de plus haut!
Tout est une question d’attentes. L’intensité des émotions ressenties par les entrepreneurs est toujours proportionnellement reliée au niveau d’atteinte de leurs objectifs.

Pour Andry, la prudence « émotive » est donc de mise. De plus, elle revendique haut et fort le droit à l’erreur. 

« Je tente de préserver mon égo et de nourrir ma confiance en moi. Les mots que l’on s’adresse ont leur importance. Par exemple, se dire « j’ai essayé » n’a pas la même résonance sur le moral que de se dire « je me suis trompée ». Mon mentor d’affaires m’apporte une aide cruciale pour travailler mon discours intérieur», confie-t-elle.

Mettre les bons mots sur les émotions ressenties n’est vraiment pas facile. Pourtant, verbaliser pour mieux se comprendre et mieux communiquer est essentiel afin de pouvoir diriger nos énergies au bon endroit.

« …un peu comme des panneaux indicateurs sur le bord de la route! », illustre Andry.

L’entrepreneur et son cercle affectif

Que ce soit dans notre noyau familial ou avec nos partenaires d’affaires (le « cercle affectif » de l’entrepreneur), l’énergie et la confiance qui se dégagent de nous ont un impact important sur les proches. Il est donc capital d’adopter une discipline de vie propice au bien-être, où les règles et les impératifs rattachés à notre entreprise et les sentiments harmonieux sont en équilibre.

Elle s’explique:

« Le cercle affectif est crucial dans l’équilibre mental de l’entrepreneur. En période de doute, on a généralement moins d’assurance et ça nous ralentit. Et l’assurance, c’est le liant entre les 2 moitiés du cercle affectif. Nos problèmes personnels et notre fatigue ne devraient pas affecter notre business. À l’inverse, les problèmes de l’entreprise ne devraient pas être ramenés à la maison. La force de l’entrepreneur est de savoir faire la part des choses, de créer une séparation entre la vie personnelle et l’entreprise, et de pratiquer un certain détachement pour atteindre un meilleur équilibre. Ce n’est pas toujours possible, bien entendu, mais c’est un idéal à atteindre, selon moi.»


À ne pas manquer la semaine prochaine:

Frédéric René, co-fondateur de Likisoft, nous parle de somatisation: comment son corps trahit parfois son état d’esprit et le fait mentir sur sa capacité à toujours bien gérer son stress!

Donc, c’est un rendez-vous!

Karina Brousseau, éditrice du blogue  

Dossier B2B: David et Goliath font bon ménage comme partenaires d’affaires!

photo Catherine Beauchemin

Catherine Beauchemin

Les jeunes entrepreneurs pensent parfois qu’il y a nécessairement un rapport de force inégal entre grandes et petites entreprises, à l’heure des négociations. J’ai pour ma part souvent eu à négocier avec des startups dans le cadre de mon expérience en fusions & acquisitions pour de grandes entreprises, et je crois qu’il faut s’éloigner de cette perception. Il est important pour les jeunes entrepreneurs de bien se préparer, s’entourer de conseillers d’expérience et avoir confiance en leur offre! Bien sûr, un manque de capital, par exemple, ferait pencher la balance du pouvoir.

Mais il est possible qu’une jeune entreprise ait une offre unique qu’une grande entreprise ne peut trouver ailleurs, alors dans ce contexte, ce sont eux qui pourraient bénéficier d’un rapport de force dans le cadre de leurs échanges.

Lorsque je négocie, je reviens souvent à quelques principes de base. En voici 7 qui m’ont toujours bien servie et qui permettent aussi de bâtir des relations plus solides à long terme:

  1. Pratiquer l’écoute active: posez des questions et adaptez-vous au style des intervenants. Il est essentiel de comprendre les objectifs de votre contrepartie. Il faut donc écouter son éventuel partenaire avec un désir sincère de le comprendre, pour faire ressortir leurs intérêts et inquiétudes. C’est la meilleure façon de trouver des termes qui répondront à leurs besoins et pourront mener à une conclusion gagnante pour tous.
  2. Choisir ses batailles: ne tentez pas de gagner à tout prix! Il faut faire preuve de maturité et focaliser sur ce qui compte réellement. Le succès d’une transaction repose surtout sur le respect des besoins de chacun et la préservation de leur intégrité. Lorsqu’on négocie avec un partenaire, on veut bâtir une relation de qualité et maximiser la valeur à long terme plutôt qu’un bénéfice à court terme!
  3. Gérer ses émotions: dirigez-les là seulement où ça peut être productif dans la poursuite de votre objectif. J’ai déjà fait affaire avec un partenaire potentiel qui n’était pas heureux du prix proposé, lequel était toutefois la meilleure offre possible selon nous. Sous le coup de l’émotion, il désirait fermer définitivement la porte à nos discussions pour se tourner vers une autre alternative. Je me suis toutefois assurée de faire preuve d’empathie et ne pas briser les communications. Lorsque le vent a tourné et que son autre partenaire a révisé le prix à la baisse, il savait que notre porte était encore ouverte et nous avons pu conclure une entente sur des bases plus solides.
  4. Être un bon juge de caractère: soyez à même de juger du sérieux des offres reçues. Si votre proposition n’a été étudiée qu’en surface, surtout n’octroyez pas d’exclusivité. En référence à l’exemple mentionné plus haut: parfois un partenaire peut faire miroiter une offre alléchante pour obtenir une exclusivité, éloigner la compétition et ensuite réviser son prix à la lumière de validations plus approfondies. Par opposition, un autre joueur pourrait avoir effectué un travail plus diligent et offrir des termes plus justes. Donc si c’est trop beau pour être vrai: ne soyez pas dupe!
  5. Jeter l’ancre en premier: faire la première offre peut être une stratégie gagnante si elle permet de définir les règles du jeu. À moins que vous ne croyez que l’autre partie ne valorise beaucoup plus l’objet d’échange que vous.
  6. Rechercher des solutions: aborder les divers conflits rencontrés, non pas comme un rapport de force, mais plutôt comme des problèmes à résoudre en misant sur la créativité et la participation de tous les intervenants.
  7. Investir du temps dans la préparation:
  • Personnalisez vos propositions;
  • Informez-vous via votre réseau ou lors de vos échanges à propos de votre compétition (les solutions de rechanges de l’autre partie, ou en anglais le “BATNA”);
  • Soyez prêts à présenter vos résultats de façon réfléchie et assumée. Si la situation justifie la divulgation de vos états financiers (si la viabilité financière de votre entreprise est critique dans le contexte de votre entente), alors préparez-vous en conséquence. Parfois le portrait ne rend pas justice aux perspectives d’une jeune entreprise, alors une autre option pourrait être de démontrer le soutien financier dont vous bénéficiez via diverses sources de capital.

Je constate que les 3 entrepreneurs du blogue Le feu sacré s’appuient naturellement sur des fondements semblables et certainement universels en matière de négociation raisonnée!
Comme illustré dans leur dernière entrevue respective portant sur le B2B, Frédéric chez Likisoft fait preuve d’une excellente maîtrise dans l’art de l’écoute active, Andry chez Marclan mise sur la préparation et des arguments calculés, et finalement Isabelle chez iMoïse Conseil connaît bien sa compétition et sait comment se différencier!

Bonne chance à tous dans vos démarches de négociation et bonne continuité!

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Et vous, qu’en pensez-vous?

À ne pas manquer jeudi cette semaine:

Des pros de différents secteurs d’activités conseillent les jeunes en démarrage d’entreprise et prodiguent des conseils-clés pour maximiser le succès des ventes et des négociations B2B.
Voyez ce qu’en pensent Kim Auclair, Mariam Tounkara, Jean-Marc Gauthier, Patrick Leroux

Donc, c’est un rendez-vous!

Karina Brousseau, éditrice du blogue