Auto-promotion en affaires: à quel point faut-il dévoiler notre background personnel?

Dans le cadre du dossier spécial sur l’auto-promotion en affaires du blogue Le feu sacré, j’interviewe des personnalités publiques et des jeunes entrepreneurs en démarrage d’entreprise. Cette semaine, je m’entretiens avec Frédéric René, co-fondateur des boutiques en ligne LikiSoft, une des startups de e-commerce les plus en vue au Québec.
Pour ce communicateur-né, l’auto-promotion est un exercice essentiel auquel il aimerait consacrer encore plus de temps. Je l’interroge aujourd’hui sur l’importance de son background personnel, de son look et de la gestion des perceptions négatives dans sa façon de s’auto-promouvoir. On aborde aussi la question du partage de visibilité avec son frère et co-fondateur Jean-François René ainsi qu’avec l’ensemble de son équipe.


Frédéric René

Frédéric René

Un background … personnel

Jusqu’à quel point notre background et nos expériences de vie extra-professionnelles intéressent nos partenaires ou clients?

Il est toujours étonnant de voir à quel point les conversations personnelles arrivent au second plan, en Amérique du Nord, lors de l’établissement de contacts, comparativement à lorsque les contacts s’établissent ailleurs dans le monde.

Père de trois enfants, bientôt quatre, grand voyageur, entrepreneur autodidacte, Frédéric est ricaneur de nature, quelqu’un de profondément curieux. Il s’intéresse aussi aux facettes de l’Humain, ses sensibilités, ses travers et ses possibilités spirituelles. Les sujets de discussion ne manquent pas avec lui. Cependant, ce ne sont pas ces aspects de sa personnalité qu’il choisit de mettre de l’avant dans son auto-promotion.

Frédéric le reconnaît: il a peu tablé ou mis en valeur ses expériences passées datant d’avant son démarrage en affaires et a peu entremêlé sa vie privée avec sa vie professionnelle jusqu’à présent. Non seulement ressent-il peu le besoin de parler de lui sur une base générale, mais il vit même une certaine pudeur, lorsque les propos deviennent plus personnels, dans un contexte d’affaires.

« J’ai toujours eu l’impression que ce qui intéresse mes relations et mes pairs, c’est les affaires. Que j’aie fait du théâtre, que j’aie voyagé pendant des mois sur les cinq continents ou que j’aie écrit un livre (un carnet magnifique de récits de voyages en Asie, avec photos – voir Le petit gitan frisé), n’est pas important. J’ai l’impression que les gens s’en foutent, dans mon réseau professionnel! » clame Frédéric, résilient.

Retenue, crédibilité et look de l’emploi

Quand on rencontre Frédéric, ce qui frappe le plus est sans contredit son flegme imperturbable. Dynamique mais réservé, tout en contrôle, il apparaît comme quelqu’un de posé, en qui on peut avoir confiance. Comme une figure paternelle, comme un bon professeur (celui qu’il a d’ailleurs été pendant des années, alors qu’il enseignait la physiothérapie à l’Université d’Ottawa).

Par ailleurs, quand on le questionne sur son image de lui-même et ses faiblesses, il avoue se sentir à l’occasion victime de préjugés négatifs, liés à son apparence, son look très jeune.

« Malgré le fait que j’en sois à ma troisième entreprise, les gens ont souvent une première impression d’inexpérience. La maturité de mon discours les surprend toujours énormément », dit-il en riant!

« C’est peut-être pour cela que j’évite les familiarités et que je tente d’être toujours très sérieux. Je fais tout ce que je peux pour leur faire oublier ma « baby-face », pour être le plus rapidement crédible à leurs yeux. C’est vraiment une question de perception qui peut avoir un impact important dans le développement des négociations et des rapports de force, malgré nous », confie Frédéric.

Gérer les perceptions en période de mauvaise presse

L’expérience de sa précédente startup, Les enchères Bidou, a permis à Frédéric de prendre beaucoup d’expérience en termes de relations publiques et d’auto-promotion. 

« À l’époque, les sites d’enchères comme Bidou.ca étaient perçus comme une arnaque. Les gens avaient l’impression qu’on faisait beaucoup, beaucoup d’argent, que les enchères étaient truquées par des algorithmes; ils étaient déçus de n’avoir pu se procurer les objets convoités. On a même été contacté à des fins d’enquête par des émissions télé comme La facture. On n’a jamais fermé la porte aux journalistes: on n’avait rien à cacher. On leur a expliqué le fonctionnement et ça a permis d’atténuer les mauvaises impressions. Il a fallu qu’on mette de l’avant des clients satisfaits, qu’on gère la crise, car ça devenait insoutenable. Il en allait de notre réputation. Et même, au début de Liki, quand les gens nous questionnaient sur nos précédentes expériences d’affaires et qu’on parlait de Bidou, on appréhendait d’être mal perçus, que cela ait entaché notre image. Heureusement maintenant, les perceptions sont redevenues positives, les intervenants applaudissent le leg technologique qu’on a laissé avec Bidou et respectent beaucoup l’innovation dont on a fait preuve à l’époque », explique Frédéric.

Se positionner soi-même et positionner ses associés

Jean-François et Frédéric René sont à l’aube de présenter une conférence et à en assurer la promotion dans le cadre de divers événements. Cette conférence leur servira d’outil pour consolider leur image en tant qu’experts dans le domaine du commerce électronique et pour faire bien entendu connaître leur solution de boutiques en ligne.

À cause du rôle qu’il occupe chez LikiSoft et parce qu’il est un abile vulgarisateur, il est souvent en vedette dans les communications, en avant-plan auprès des clients et la personne-ressource pour les partenaires.

« Bizarrement, je me sens parfois davantage comme le « porte-parole de mon frère, Jean-François », co-fondateur, président, initiateur et concepteur de la plate-forme autour de laquelle s’articule notre startup LikiSoft. Même s’il est de mise de reconnaître mon apport à l’entreprise, il reste que c’est Jean-François et sa vision technologique de la solution qui font que Liki en est là où elle en est. C’est important pour moi d’en faire mention, chaque fois que je prends la parole au nom de l’entreprise. Je ne veux pas avoir l’air de prendre le crédit, de profiter seul d’une visibilité, d’une reconnaissance qui doit se partager avec toute l’équipe.»


Vous pourriez aussi aimer:

Les réseaux sociaux: baromètre public de sa confiance soi: Mon entrevue avec Andry Lant Rakoto, CEO des produits fins Marclan. Pour elle, l’auto-promotion est intimement reliée à son image d’elle-même et à son niveau de confiance.

À ne pas manquer la semaine prochaine:

Isabelle Moïse, avide utilisatrice des réseaux sociaux, nous parle entre autres des réseaux sociaux qui la desservent le mieux pour son auto-promotion comme consultante en marketing événementiel et communications.

Entrevue exclusive: Kim Auclair, une entrepreneure qui sait utiliser le Web pour s’auto-promouvoir efficacement

Pour quiconque s’intéresse à l’entrepreneuriat et détient un compte Twitter, Kim Auclair se passe de présentation, avec près de 65 000 tweets à son actif et plus de 21 000 abonnés à son fil Twitter. Blogueuse prolifique, entrepreneure qui a su se démarquer avec l’utilisation du Web, conférencière en demande, c’est avec générosité, qu’elle a accepté mon invitation à parler d’auto-promotion en affaires, le thème du mois,  sur le blogue Le feu sacré.


Kim-Auclair

Kim Auclair

Très active depuis plus de 10 ans sur le web, Kim Auclair est reconnue au Québec comme une des pionnières de l’animation de communautés en ligne dans le monde des affaires. Elle fait, entre autres, de la création de contenus pour les moyennes et grandes entreprises et fait profiter de son expertise en affaires à ses abonnés sur son blogue personnel. Elle donne aussi des conférences et formations pour aider les entrepreneurs à mieux utiliser le Web pour se démarquer dans leur secteur d’activité.

Une stratégie multi chapeaux et multi canaux!

Maximiser sa visibilité, telle est sa devise. Avec la multitude d’informations disponibles sur le web, sortir du lot n’est pas une sinécure. Que ce soit dans les locaux de formation, sur la scène en conférence, sur le web pour le compte de ses clients ou pour elle-même via son blogue, toutes les occasions sont bonnes pour tisser sa toile et étoffer son réseau.

De surcroît, les « apparitions » publiques ou numériques sont entre elles des leviers de promotion stratégiques.

Ses publications sur tous les réseaux sociaux tels que Facebook, LinkedIn, Twitter, Youtube, Google +, etc. lui amènent des milliers de fans (des « followers », des lecteurs, …) qui ne tarissent pas d’éloges, publiquement, à son égard, partagent ses contenus et interagissent avec elle.

La taille de sa propre communauté ou de celles qu’elle a bâties jusqu’ici (par exemple la communauté Mac Québec qui est toujours en popularité croissante avec maintenant plus de 600 000 visiteurs par an) témoignent de son expertise et lui font nécessairement une carte de visite exceptionnelle quand vient le temps de vendre ses services comme gestionnaire de communautés pour sa boîte-conseils Niviti.

Aussi, les commentaires et interactions en ligne avec les différentes communautés créées la nourrissent certainement sur les éléments d’intérêt quand vient le temps de créer des formations ciblées pour les différentes clientèles ou concevoir des conférences.

Les prestations ainsi très adaptées aux besoins ne peuvent que se vendre encore mieux et se promouvoir, par le fait même, via un réseau élargi et engagé!

Force est d’admettre, c’est l’oeuf et la poule, comme on dit.

Se faire respecter, monétiser son travail et gagner en crédibilité

Malgré ce qu’on peut penser en constatant la portée et la fréquence de ses interventions en ligne, c’est relativement récent qu’elle récolte davantage le fruit de son travail.

Elle l’admet humblement: « Ce n’est que depuis environ 2 ans et demi que je peux dire que je vis bien de mes activités.  Et, ce sont mes articles et les formations qui représentent la plus grosse part de mes revenus. C’est à partir du moment où j’ai commencé à dire « non » à des participations bénévoles, ou à écrire pour d’autres qui visaient à se servir de moi pour augmenter leur visibilité, que j’ai senti qu’on m’octroyait plus de crédibilité, et qu’on accordait plus de respect à mon travail. Comme si le fait de donner du temps (particulièrement en période de démarrage, alors qu’on est plus insécure) le dévaluait, justement. J’aurais aimé comprendre ceci et le mettre en pratique plus rapidement dans mon parcours, c’est certain… C’est le métier qui rentrait! »

Différents types d’approche en ligne: le respect de son créneau

Kim constate la variété des possibilités d’approche en ligne. Maintenant que sa réputation est établie, Kim prend de plus en plus conscience qu’elle touche les gens. Elle ne sent pas pour autant que ça lui donne du pouvoir ou un aval particulier, mais ce qu’elle écrit a tout de même un impact. Ça devient donc de plus en plus délicat de donner son opinion. Elle ne le fait donc que sur des sujets qu’elle maîtrise totalement et qui touchent le support des entrepreneurs dans l’optimisation du web comme outil de développement des affaires.

« Je ne suis pas là pour brasser la cage, confronter les gens, provoquer, semer la controverse, ce n’est pas mon style. Rester intègre m’a toujours payée en ce sens. » nuance-t-elle.

Elle ajoute: « Bien sûr, les motivations pour écrire sont très variées selon les blogueurs. Il y a des blogueurs qui sont plus à l’aise que d’autres pour parler de leur vie privée. Ce n’est pas mon cas… Quand j’étais plus jeune, il m’est arrivé à l’occasion de dévoiler des choses plus personnelles, mais ça m’a joué des tours. L’expérience m’a appris que cela peut nuire à notre crédibilité. Désormais, je pige mes anecdotes dans ma vie professionnelle uniquement, et je m’assure que je suis en mesure de débattre et défendre ce que j’avance, si les internautes me « challengent » sur le sujet de mes articles.  Il faut respecter son créneau aussi et rester  focalisé. Ne pas trop s’éparpiller dans les sujets abordés pour le compte d’une communauté. Par exemple, je ne parlerais pas de mode ou de décoration.».

Son mojo: afficher sa personnalité en parlant de ce qu’on connaît bien!

C’est le fait d’avoir été fidèle à sa ligne éditoriale bien personnelle, et d’avoir tablé sur sa « valeur ajoutée », soit l’intégration, dans ses articles, d’exemples réels puisés de son expérience entrepreneuriale, qui lui a permis de bâtir un auditoire aussi imposant.

Elle explique: « Pour moi, il est clair que l’application seule d’une stratégie de mots clés pour augmenter son trafic est insuffisante. Bien sûr, les tactiques de référencement sont essentielles (titres punchés, utilisation de mots clés populaires, hiérarchie et priorité des éléments du texte publié, etc.), mais si on ne se fie qu’à ça pour créer ses contenus, on tombe rapidement dans des articles trop techniques, pour lesquels le lecteur aura un sentiment de « déjà lu ». Pour éviter que cela ne se produise, il faut se distinguer. On gagne à afficher sa personnalité qui fait aussi partie de notre « valeur ajoutée » et donne une couleur authentique à ce qu’on publie. »

Le web, sans frontière…?

…si ce n’est que celle de la langue! Pour faire un travail de modération adéquat, pour répondre à questions de clients avec précision, traiter des commentaires déplacés, calmer des discussions houleuses ou même gérer des crises le cas échéant, il faut beaucoup de doigté et de nuances dans nos propos.

Le contact avec le client ou le lecteur affectera nécessairement sa perception de l’entreprise pour laquelle il a joint une communauté. La maîtrise parfaite de la langue est essentielle à l’exécution d’un travail de qualité. Il en va de l’image et de la crédibilité de la communauté en ligne, de l’entreprise.

« La seule raison pour laquelle je n’ai pas encore déployé d’efforts particuliers pour la promotion de mes services à l’étranger, c’est que je ne maîtrise pas l’anglais à mon goût pour l’instant. Un jour… » dit-elle.

Mentorat et partage d’expertise: pay it forward!

Diplômée du Cégep de Rivière-du-Loup en graphisme, elle s’intéresse particulièrement aux arts et aux ordinateurs. Par contre, quand elle arrive sur le marché du travail, les emplois intéressants se font rares. Heureusement, elle rencontre un « cybermentor » qui lui fait découvrir les différentes facettes du métier d’infographiste. Elle réalise aussi qu’elle avait des atouts d’entrepreneure et décide de se lancer le plus rapidement possible en affaires.

Son mentor de l’époque a été déterminant dans son cheminement de carrière. Reconnaissante, elle a à coeur d’aider à son tour les jeunes entrepreneurs. Généreuse de conseils, elle n’hésite jamais à supporter les gens qui osent et qui foncent.

D’ailleurs en terminant, à cet effet, elle avance un conseil aux entrepreneurs suivis dans le blogue Le feu sacré, valide pour tous les entrepreneurs en démarrage également:

« Montrez l’exemple avant tout. Votre passion pour votre métier / travail doit être mise de l’avant sur le Web que ce soit par une baladodiffusion, des vidéos, des articles, des images, etc. »


Vous pourriez aussi aimer, sur le même thème:

Mon entrevue avec l’auteure, animatrice et blogueuse Sophie Bérubé. Pour elle, la proximité avec les membres de ses différentes communautés web est un élément clé dans le succès de son auto-promotion et le maintien de son employabilité dans le milieu compétitif des médias.

À ne pas manquer la semaine prochaine:

Les mécanismes d’autopromotion selon Frédéric René, co-fondateur de LikiSoft, une jeune startup de commerce électronique bien en vue au Québec. 

Karina Brousseau, éditrice du blogue Le feu sacré

L’art de pivoter: de Peter Thiel à Miles Davis!

Nous en sommes désormais à l’heure de la rétrospective de la thématique du mois d’octobre, l’art de pivoter, abordée avec Andry Lant Rakoto (Marclan), Frédéric René (Likisoft), et Isabelle Moïse (iMoïse Conseil).

On l’a vu dans les dernières semaines, nos trois entrepreneurs enflammés pratiquent l’art de pivoter, à différents degrés. Ils le font pour des raisons diverses, de la survie budgétaire au feedback des clients sur leurs produits, de la nécessité d’ajuster leur stratégie communicationnelle au changement de leurs aspirations de départ.

La philosophie lean a fait couler beaucoup  d’encre depuis qu’Eric Ries a développé l’idée en 2008. Les entreprises de tous horizons ont départagé, depuis le temps, ce qu’elles pouvaient retirer de positif ou non de cette méthodologie, selon leurs secteurs d’activités, et selon leurs tailles. Elles se sont approprié le concept à leur manière.

Les principes de Peter 

peter-thiel_416x416

CRÉDITS PHOTOS: Forbes

Je viens de lire un livre d’exception, Zero to one, de Peter Thiel. Pour ceux qui ne connaissent pas l’auteur, c’est un investisseur des débuts de Facebook. Il est aussi co-fondateur de Palantir Technologies, co-fondateur de PayPal et investisseur en série dans de nombreuses compagnies telles qu’Airb&b et  LinkedIn. Sa fortune est estimée à plus de 2.2 milliards de dollars. En matière de risque et de management, on peut sans hésitation lui accorder une certaine crédibilité ; )

Zero to one ne parle pas que de la philosophie lean, mais en fait mention à plusieurs reprises.

Selon Thiel, 4 grandes leçons ont été retenues par l’industrie suite à l’explosion de la bulle techno au début des années 2000, et ces apprentissages sont devenus un genre de dogme dans le monde de « la startup ». Ces principes, les voici (traduits du livre):

1-Faire des petits pas: c’est la seule façon d’avancer avec assurance (quand on prétend changer le monde, c’est toujours suspect, et ça manque d’humilité!)

2-Toutes les compagnies devraient rester « lean », soit flexibles, et travailler en itération. Voir l’entrepreneuriat comme une expérience agnostique, évolutive, jamais coulée dans « le béton ».

3- Au début surtout, imiter « en mieux » la compétition, en n’essayant pas de créer un nouveau marché prématurément.

4- Focaliser sur les produits, pas les ventes.

Cependant, Thiel prévient que les principes opposés à ceux-ci ont, jusqu’ici, tout aussi bien tenu la route, et sont probablement même plus adaptés à l’entreprise en démarrage aujourd’hui. Je pourrais les traduire par:

1- Quitte à prendre des risques, faites-le pour la peine, pas pour des pacotilles.

2- Un mauvais plan, c’est toujours mieux qu’aucun plan!

3- Les marchés compétitifs minimisent les marges de profits.

4- Les ventes sont tout aussi importantes que les produits.

Comme dans n’importe quoi, la vérité n’est jamais toute noire ou toute blanche. Il n’y a pas que des avantages à l’approche lean. Il y a toujours des coûts rattachés aux changements de cap en entreprise, entre autres. Les investisseurs sont parfois frileux à l’approche par itération, selon le degré d’adhérence des entreprises. Plusieurs préfèrent minimiser les déviations au plan initial pour ne pas perdre la vision fédératrice initiale. Changer de route peut aussi être épuisant pour ceux qui sont touchés, tant physiquement qu’émotivement. Dans certains cas, cela peut même contribuer à une baisse de l’intérêt des troupes.

Le caractère des entrepreneurs et le style de gestion qu’ils préconisent influent beaucoup sur leur choix d’adopter une approche « lean », de pivoter ou non en affaires, et d’appliquer la théorie avec plus ou moins de rigueur le cas échéant.

So what?

Tout réside finalement dans la capacité d’adaptation des entrepreneurs, leur capacité d’improviser. Pas dans le sens de faire n’importe quoi, sans réfléchir. Dans le sens de suivre la « musique », et même la devancer. Du moins, c’est ce que moi, ça m’inspire.

 

CRÉDITS PHOTOS: http://www.theguardian.com/music/2011/jun/17/miles-davis-improvises-soundtrack

 

A l’instar du trompettiste jazz célèbre Miles Davis, leur talent pour suivre une partition « architecturale »(non-écrite), dans laquelle seulement les accords de transitions sont prévus dans la portée est requis. Leur capacité de jouer la prochaine ligne musicale, à créer spontanément la suite de l’oeuvre avec la complicité des autres collègues musiciens tout en gardant l’attention du « public » va déterminer leurs chances de succès dans l’application des principes lean.

Cela sous-entend être à l’écoute, rester fondamentalement ouvert et perméable à son environnement.  Ne pas avoir peur des fausses notes, mettre son égo de côté, et recommencer quand il le faut, malgré ses détracteurs. Se faire suffisamment confiance que le prochain « son » qui sortira de notre « instrument » cadrera bien avec la mélodie, sera innovant, authentique, mais restera sur la charpente de base, en lien avec l’idée de départ.

Le jazz prend beaucoup de temps à maîtriser, tous les musiciens vous le confirmeront. Je parle ici en connaissance de cause. Mais le jazz, c’est d’abord et avant tout un état d’esprit. Et je crois que c’est dans cet état d’esprit que les entrepreneurs doivent être pour maîtriser l’art de pivoter… Qu’en dites-vous?

Laissez-nous vos commentaires sur la question, ça permettra d’alimenter les réflexions de tous les participants au blogue, j’en suis certaine, mais également celles des lecteurs du blogue Le feu sacré!

Je vous laisse avec une de mes pièces favorites de Miles Davis, de circonstance en cette fin d’octobre: Automn Leaves .

Bonne écoute et à la semaine prochaine!

Karina Brousseau, éditrice du blogue

P.-S.: J’aurais souhaité clôturer sur le sujet en vous présentant un article d’un véritable expert sur l’art de pivoter, la philosophie lean, etc., comme c’est mon intention de le faire à chaque fin de mois, pour chaque thématique. Cela n’a pas été possible pour différentes raisons, qu’à cela ne tienne!  Je réitère à tous l’invitation: chaque mois, en 4e semaine, la porte est ouverte pour l’ajout d’un article de spécialiste du thème en cours! Contactez-moi si l’exercice vous interpelle, dès que le thème est annoncé !

——————————-

A surveiller mardi prochain:

Des nouvelles d’Andry Lant Rakoto et ses expériences en lien avec la thématique de novembre: Les défis du web à bas prix!

C’est un rendez-vous!